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075 Aseng
Genre III, classes nominales 5 et 6 (a / më)
mboe asëń : nom du bourgeon terminal encore enveloppé dans la stipule rouge qui le protège.
Identifications proposées: Musaga cecropioïdes, Moracées (WS, HK, PLT, LM, HNY); Musanga smithii (PJC, TSa, TSb)
Localisation : l'asëń pousse dans les emplacements des anciennes cultures.
Description locale : c'est un arbre moyen ni trop gros ni trop haut. Il s'élève sur des racines qui plongent dans le sol en sortant à l'extérieur [racines échasses]. Son tronc est clair [gris]. Son écorce reçoit le nom d'ekologo (“pelure”). Lorsqu'on enlève cette pelure, le tronc de l'arbre apparaît très glissant (asen abui). L'asën a beaucoup de branches. Ses feuilles sont très grandes, d'une couleur entre claire et foncée, et d'une forme qui rappellent celle d'un parapluie (nganga). La macération de ces feuilles donne un liquide filant (anden), et gluant (akil), celle de ses écorces. Cet arbre contient beaucoup d'eau. Si vers six heures du matin on coupe une de ses racines, à dix heures du soir on aura pu en récolter plusieurs litres. Celle-ci est très douce et rafraîchissante (evovoe). Son bois est doux (ebubud) et fragile (ekes). Ses fruits sont plats et une fois mûrs ils sont très apprécies par certains animaux comme la civette (zoe), la petite antilope grise (okpëń), les pigeons verts et autres oiseaux comme le touraco bleu (kunuń).
Technologie: avec son bois on fabrique les tambours membranophones ngòm et mbè, les baguettes (mbas) pour le tambour à languettes nkul, des petites pirogues (mbongo), des barrières (ongola), etc. Avec la souche et ses racines on fabriquait autrefois l'appuie-dos des vieillards (mvende) et avec son bois, des flûtes (abëg) et des étuis péniens (fende). Les fruits de cet arbre sont utilisés comme appât pour la pêche, en particulier pour attirer le poisson appelé evoe.
L'écorce des jeunes asëń sert à confectionner des cordes pour les filets de chasse.
Utilisation thérapeutique: lorsqu'une femme est enceinte pour la première fois et l'on considère qu'elle a un bassin trop étroit qui rendrait difficile l’accouchement, on lui fait faire des lavements avec une décoction des feuilles d'asëń mélangées avec quelques écorces de l'arbre efog. Le caractère glissant de cette décoction est censée faciliter l'expulsion du foetus. L'eau des racines de cet arbre est utilisée soit pour provoquer la montée du lait maternel, soit pour la purifier de certaines impuretés. L'écorce consommée crue ou macérée dans de l'eau sert à calmer le rhume de cerveau. Pour soigner certaines affections cardiaques, on prend les jeunes bourgeons encore enveloppés dans la stipule rouge et soyeuse et on les met dans l'eau en y ajoutant une braise. Cette macération prend un teint coloré; elle est filante et rafraîchissante. L'importance de cet arbre comme calmant est signalée aussi pour COUSTEIX: pour calmer les palpitations on administre une infusion de ses fleurs. On fait boire la sève aux individus qui bégaient. Dans le traitement des personnes agitées, on empaquette des jeunes feuilles d'asën dans des feuilles de bananier, on fait ramollir le tout au coin du feu puis on malaxe dans de l'eau et l'on fait boire plusieurs fois dans la journée. Le même remède sert aussi à arrêter les vomissements. Le caractère akil de cet arbre permet de l'utiliser pour calmer la toux, soigner la diarrhée et penser les plaies. Avec les écorces de l'asën mâle (cf. infra) et quelques morceaux du sucre (ou à défaut un peu du jus de la canne è sucre) on prépare une décoction qu'on administre pour renforcer le sang lorsqu'un malade se sent un peu faible. Le liquide de cette décoction est très coloré.
Utilisation rituelle: dans le rite edu osoe, un ngëngaṅ evuzok utilise les feuilles d'asëń dans la composition d'une sorte de cataplasme qu'il applique sur la poitrine des malades atteints d'une blessure dans l'evu. Dans une variante de ce même rite, le manga, une autre ngëngaṅ utilise les raclures de son écorce dans la composition d'une mixture dont il se sert pour traiter les malades victimes des sorciers. Ses feuilles entrent aussi dans la composition d'une médecine pour rendre efficace le piège aux poissons appelé alam. Lorsqu'on doit traverser une forêt peuplée d'éléphants, on met dans la poche une stipule d'asëń; grâce à cette médecine protectrice on pourra éviter tout danger. En ce qui concerne les rites diurnes, l'arbre asëń est utilisé dans le rite tsoo. D’après TSALA, les candidats du rite mëlan (initiation au culte des ancêtres) s'asseyaient sur un tronc d'asëń posé sur la cour pour y consommer en regardant fixement le soleil les écorces de l'arbuste appelé engela [192].
Valeur symbolique : A. interprétation exégétique à base nominale : le nom de cet arbre est mis en rapport avec le verbe sëń qui signifie “diminuer”: l'arbre asëń, dit-on, diminue la maladie, les sorciers... B. Interprétation exégétique à base substantielle : le caractère tendre, soyeux, doux, glissant et rafraîchissant de cet arbre lui donne une dimension bénéfique.
Indications taxinomiques: les Evuzok distinguent deux sortes d'asëń, le mâle qui ne produit pas des fruits et au bois plus dur (nnom asëń), et le femelle qui produit des fruits et au bois tendre (ngal asëń).
Littérature orale: proverbes: “Les touracos bleus sont perchés sur des asën et déjà les filles s'en attribuent des pennes” (il ne faut pas compter sur l'incertain); “un asëń n'en brise pas un autre” (deux forces égales de sens opposé n'ont pas de résultats); “Un tronc d'asëń peut briser celui d'odu” (un faible peut l'emporter sur un plus fort, le bois d'odu étant plus fort que celui d'asëń); “Méprises-tu la forêt à cause des asëń (il ne faut pas pousser trop loin la conclusion); “Les asëń ont des beaux troncs lorsqu'ils sont loin” (la distance cache bien de choses). Devinette: “une femme de mon père toute ciselée” - “une feuille d'asëń”