Casa África

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173 Ekòn

Genre IV, classes nominales 7/8 (e /bi)

Endom ekòn, grand drageon de bananier; mòńan ekòn, rejeton de bananier; mbolkòndò, pourriture du coeur du bananier; evuvui ekòn, bande sèche du tronc de bananier; kòń ekòn, fibre du bananier; akemende ekòn, suc du bananier; akil ekòn, suc gluant du bananier: ntoneńa akòn, grand pétiole du bananier; nsag ekòn, régime de bananier; ndu ekòn, banane; abin ekon, fleur du bananier; okie, feuille à grandes dimensions, en particulier des bananiers; mbòb, feuille sèche de bananier; nsia, banane blette.

Localisation: on les plante derrière les maisons et dans les champs des cultures vivrières.

Culture: on plante les rejetons.

Consommation: la banane plantain est un aliment de base qu'on peut manger soit bouilli, soit bouillie et pilée en forme d'une pâte qu'on appelle ntuba. Dans les deux cas, elle est servie pour s'accompagner des sauces.

Technologie: la nervure médiane des feuilles, percée de part à part, servait autrefois de tuyau des grandes pipes (abòń). Les feuilles vertes sont utilisées en guise d'assiettes ou de plats ainsi que pour couvrir les marmites au feu ou la nourriture (eyalaga, de yali. couvrir). On se sert des feuilles sèches pour envelopper et protéger les oeufs. En cuisine et en médecine, on se sert d'une partie des feuilles vertes pour envelopper certains mets ou plantes médicinales qu'on chauffe ensuite sur la braise. Si le paquet est rond on l'appelle dzom, et mbòm, s'il est allongé. À l'aide d'une épingle en bambou on fixe une feuille sur la tête en guise de parapluie improvisé. L'ebui était une grosse touffe formée de fibres de feuilles de bananier (ou de raphia), colorées en rouge, blanc ou noir, que les femmes portaient autrefois derrière comme une queue de cheval. Ce costume féminin était une parure que les femmes revêtaient le soir en revenant du champ ou lors des fêtes. En dehors de ces moments, elles portaient des touffes de feuilles de bananier appelées mëndzag si elles étaient fraîches, mimbòb si elles étaient sèches. Ces fibres on les utilisait jadis en vannerie pour fabriquer la petite corbeille kila dont le juge du jeu d'abia utilisait pour mettre les jetons. Pour attacher les bâtons de manioc (ebòbòlò), les femmes utilisent soit les fibres détachées du tronc de bananier, soit celles de la tige de l'arbre nden [309]. Sur le plan musical, les enfants fabriquent encore aujourd'hui des xylophones dont les touches reposent sur deux troncs de bananier. Autrefois, un xylophone de ce genre était utilisé dans le rite mëlan d'initiation au culte des ancêtres. Dans les séances de mvet, des hommes et des femmes accompagnent le barde en frappant avec des baguettes de bambou un tronc de bananier couché au sol.

Utilisation thérapeutique: autrefois les femmes accouchaient derrière la maison (a falag) près d'un bananier. Avec une banane séchée, passée au feu et réduite en poudre, on soigne la plaie après la chute du cordon ombilical. Pour faciliter sa chute on met sur la plaie une pâte préparée avec la pelure d'une banane bouillie. Le grand caudal (abin ekòn) grillé, réduit en poudre et délayé dans de l'eau tiède est administrée sous forme d'instillations pour traiter l'otite (nsòmi) chez les enfants. Avec une banane blette (nsia) délayée dans l'eau, on lave les yeux de l'enfant atteint d'une conjonctivite granuleuse. La banane grillée sous la cendre entre dans la composition des remèdes pour soigner la diarrhée, les vers intestinaux et certaines affections poitrinaires. On mélange une banane blette avec les feuilles d'un ayań pour calmer certaines crises de folie. Avec la pourriture du coeur de bananier (mbolkondo) et de l'huile de palme on prépare un onguent pour calmer le délire fébrile (odag) et pour traiter la fontanelle (ndaba) chez l'enfant. Pour nettoyer une plaie, on met le coeur pourri du bananier sur une pierre, on le chauffe et ensuite on l'applique sur la plaie. Pour les blessures et les plaies de la circoncision on fait des pansements avec les raclures d'une banane crue. Egalement la banane crue et raclée est utilisée pour soigner les nouvelles blessures. Pour traiter l'impuissance (eyel), on fend une banane en deux morceaux entre lesquels on y met les raclures de la racine de l'arbre tòmbò [450]et on la mange.

Utilisation rituelle: lors de l'accouchement on invoquait le double (nkug) du bananier-plantain pour que tout se passe bien. Le placenta est enterré parfois sous un bananier. Quand la chute du cordon a lieu, on le garde jusqu'au jour où l'enfant sort de la maison. Ce jour-là, la mère prend le cordon et l'enterre sous un bananier qui reçoit le nom de ekòn ngòb (“la bananier du cordon”). Lorsque son régime de bananes est mûr, la mère abat le bananier à coups de bâton. Puis, elle fait cuire les bananes et prépare un repas pour toute la famille (nda bod). Personne d'autre ne peut participer à ce repas. Toutes les bananes doivent être consommées au cours de ce même repas.

Lors de la mort d'un home marié, les jeunes soeurs du défunt et les jeunes femmes du lignage de sa mère qu'on désigne avec le nom d'ongòngòn font subir une série d'épreuves aux veuves de la famille. Le lendemain de l'enterrement, chaque veuve doit à tour de rôle faire le tour de la cour en courant et en portant sur les épaules un bananier-plantain sans régime, les feuilles traînant par terre; pendant sa course les ongòngòn essaient de la retenir ou de la faire tomber en tirant sur les feuilles. en marchant dessus et en la frappant. Lors de la mort d'une femme, le veuf et ses frères sont soumis à une épreuve analogue. Dans les deux cas, celle-ci prend fin lorsque la veuve ou le veuf a “payé” ce qu'on lui demande (un poulet, de l'argent...).

Lors de l’enterrement d'un enfant mort-né ou décédé quelques jours après sa naissance on conseille à la mère de ne pas pleurer son fils car “il reviendra” dans son ventre. C'est ainsi que les enfants décédés dans ces circonstances sont désignes avec le nom de nlodo zen qu'on peut traduire par “le passant” (lodo, franchir; zen, chemin). Cette idée est mimée lors de l’enterrement de ces enfants. Une fois le tombeau creusé, la mère se place dessus avec les jambes écartées et portant une lance à la main; on passe le cadavre de l'enfant entre ses jambes tout en le déposant au fond du tombeau; puis on attache autour du corps de la femme une bande sèche du tronc de bananier-plantain en guise de bretelle (avec laquelle on transporte les enfants); à la place de l'enfant on attache un morceau du coeur du tronc de bananier On pense que par l'efficacité de ces gestes, l'enfant reviendra tout en assurant ainsi à la mère l'événement d'une nouvelle grossesse.

L'acte de trancher d'un seul coup de machette le tronc d'un bananier était une ordalie mise en forme dans différents rituels. Dans le rite féminin ngas, réussir ce geste était le signe soit de la validité du rite (Tsala), soit de la non-culpabilité en sorcellerie.

Dans le rite d'initiation so, après la dernière grande épreuve (le passage du tombeau-souterrain), le candidat devait également trancher d'un seul coup un bananier pour s'assurer que le rite avait réussi. Dans ce même rite, le bananier-plantain était utilisé en plusieurs occasions. Lors de la danse sur le tronc de l'arbre initiatique appelé ndzom, le premier des candidats (asuzoa), abat d'un seul coup un rejeton de bananier avec lequel il frappe ensuite le ndzom sur lequel il monte pour y danser (cf. ibid. proverbes). L'enthousiasme que provoquait la danse de tous les candidats se traduisait par des offrandes: les hommes se précipitaient avec des cris dans les champs environnants et arrachaient plantains et taros pour les jeter au pied du tronc de l'arbre initiatique ndzom. Parmi les différentes épreuves de ce rite, l'endegele abin consistait à attacher aux hanches des candidats un gros morceau de tronc de bananier avec lequel ils devaient danser en le balançant entre les cuisses (endegele, punition: abin, testicule). Si un candidat trouvait la mort pendant son séjour en brousse, le jour de la “sortie”, un de ses compagnons sortait avec un gros tronc de bananier-plantain sur l'épaule, il venait le jeter à terre devant la mère du candidat décédé en disant: “Ton fils, le voilà. Il n'est plus”. Pendant leur vie dans le champ d'initiation (esam) tous les candidats portaient un ebui (cache-sexe féminin) fabriqué des fibres internes du tronc de bananier. Une autre parure des candidats: les fausses barbes blanches, étaient également fabriquées avec des fibres tirées du tronc de bananier.

Dans le cérémoniel de mariage lorsqu'on bénit la jeune épouse (eva mëtyè), on remet à celle-ci un morceau du coeur de bananier attaché des deux bouts à une longue corde d'evuvui (peau sèche de bananier) que la fiancée revêt en bandoulière (cf. supra rite funéraire nlodo zen).

L'abanańa bikòn, rite pour protéger un champ de bananiers-plantain, est une variante du rite abanańa afub (rite pour protéger un champ de cultures vivrières). Pour le premier, les femmes enterrent au pied d'un rejeton de bananier-plantain une médecine préparée à cet effet.

Dans l'ordalie elon, les boulettes d'écorce de l'arbre toxique que porte ce même nom [188] étaient mélangées avec des bananes blettes (nsia); ces boulettes étaient avalées par l'accusé dont l'innocence était prouvée s'il réussissait à les rejeter sans que le poison puisse produire son effet mortel.

Les bananes-plantain entrent souvent dans la préparation des mets rituels. Les débris de ces mets ainsi que les feuilles de bananier (eyalega) qu'on utilise pour couvrir les marmites, sont divisés en deux parties et posés de chaque côté du chemin (rites sësala, tsoo...). Dans certains cas, lorsqu'on est malade, on pose sur le chemin une feuille de bananier divisée en deux morceaux afin que les passants emportent avec eux la maladie dont est atteint l'enfant.

Dans le domaine des interdits, il est défendu à une femme enceinte de couper le gland caudal d'un régime de bananes à cause du suc qui s'en dégage. Elle ne peut pas non plus enjamber ce suc car ceci pourrait entraîner chez l'enfant la maladie appelée nsòmi (otite)

Références dans la littérature orale: proverbes : “On n'aime à être seul que quand on a un panier de bananes” (quand la fortune est bonne); “Réveillons nos forces, oui! Celui qui sera le paresseux aujourd'hui, ne mangera que la banane pour tout aliment” (a travail négligé, maigre repas); “La femme n'aime que l'homme au pied du bananier” (la femme préfère l'amant au mari); “Le briseur des fronts est aimé comme un tuteur de bananier: il devient bois de chauffage dès que le bananier est abattu” (l'homme récalcitrant n'est aimé qu'aussi longtemps qu'on utilise ses services); “Même par un beau clair de lune ne reste-t-il pas de l'ombre aux pieds des bananiers” (on a beau faire, on ne force pas la nature); “L'éléphant mange les bananes et retourne d'où il est venu” (toute effervescence finit par s'apaiser); “Avec un claquement des lèvres on a abattu un rabougri régime de bananes” (le claquement des lèvres de dépit implique concession); “Si on n'avait pas tué un poulet en sarclant les bananiers, avec quelle viande aurait-on préparée les bananes?” (heureux incident qui a délivré d'un embarras); “Il est allé planter des bananes chez les Morts” (il a été à deux doigts de la mort); “Frapper l'arbre ndzom avec un rejeton de bananier” (donner l'exemple)

Devinettes: “Main de bananes, femme d'Abura? - Poule couvant ses oeufs”; “Il est dans cette forêt un animal : aucune goutte de sang? - La banane blette”; ou la variante Ntumu (fang): “Mon père coupe une tête sans écoulement du sang? - La banane blette”; “Bananier sur un versant, s'il n'a pas de fourmis, il a des guêpes? - Filles de harem, si elles ne sont commères, elles sont menteuses”. Autres devinettes ntumu-fang: “Je plante une chose à terre, j'en cueille cinq? - Le bananier-plantain” ; “ Une banane attachée avec les feuilles sèches du bananier? - Un vieux attaché à ses petits enfants”.

Chants: dans la variante d'un chant du rite mevengu rapportée par TSALA on y trouve quelques références au bananier-plantain. Ceci dit, ce mets étant presque Synonyme de “nourriture”, il est facilement évoqué dans les contes, chants improvisés...

Devises: “Les bananiers derrière la maison honorent le village” (bikòn bi falag bialugu dzal)

Parenté: le frère et la soeur forment une sorte de couple que les Evuzok désignent par l'expression ekòn ai evalak (le bananier-plantain et son tuteur) car c'est par la dot qu'on recevra du mariage de la soeur que le frère pourra se doter une femme.

Représentation graphique: jetons du jeu d'abia représentant un régime de bananes-plantain : in Études camerounaises, nº 49-50 (201)

Indications taxinomiques: les Beti distinguent plusieurs variétés d'ekòn: amuń ekòn, azib ekòn, ebań ekòn, alad ekòn, esoń ekòn, mboe ekòn, obel ekòn. osesa ekòn. zoa ekòn, osen ekòn et asanda ekòn...

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