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315 Ndong
Genre V classes nominales 9 / 10 (invariable)
Identifications proposées: Aframomum melegueta, Zingibéracées (TSa, WS); Aframomum spp. (PLT, NS, PJC).
Consommation: les graines noires et poivrées contenues dans les baies de cette plante, sont peu utilisées comme condiment dans la cuisine ordinaire sauf lorsqu’on veut préparer une viande très pimentée; ces graines sont au contraire très utilisée dans la “cuisine” médicale et/ou rituelle. Le ndoń est plus piquant (enyan) que le piment (ondondo). En ce qui concerne le goût des choses pimentées, les Evuzok semblent distinguer ce qui est enyan comme le piment ondondo et ce qui est eyań comme le poivre ndoń.
Utilisation thérapeutique: les graines de ndoń entrent dans la composition de nombreux médicaments. En cas de stérilité attribuée à la transgression edzawos, on en met dans le gâteau aux pépins de courge (nnam ngòn) farci de feuilles hachées de l’ayań abie [100] et des raclures d’écorce de l’arbre ovëń [421]. Pour prévenir les maladies en rapport avec la catégorie étiologique fulu-de-la-poitrine, on les mélange avec des raclures d’une racine de l’herbe ngòl [322] dans une macération qu’on administre sous forme d’instillations nasales. Ces graines entrent dans la préparation de plusieurs remèdes pour soigner des maladies attribuées à l’action des vers. Pour combattre les vers minnag qui provoquent la filaire, on les mélange avec les plantes ondondo-si [398] et okulu-bifes [386] et on les frotte sur les scarifications pratiquées sur le corps du malade. Pour soigner le ver d’urine (nsòń mënyòlòg) qui cause la blennorragie, lorsque dans l’urine apparaît du pus, on administre des feuilles de la plante ngande et quelques graines de ndoń. En cas de blennorragie chronique (mbamba), on les met dans une décoction des bourgeons de la plante aboe [012] qu’on fait boire au malade. Pour calmer le ver nyo qui provoque des démangeaisons on fait boire au malade la sève extraite des feuilles de la liane qui porte ce même nom, les feuilles de mian [300], les fruits akui [044] qu’on mélange avec quelques graines de ndoń. Pour soigner le ver asomena qui provoque certaines affections pulmonaires on se sert du même remède que pour les vers minnag ou bien on donne sous forme de potion une macération de l’herbe ava-si et du ndoń. Pour combattre encore ce ver on met ces graines dans un gâteau aux pépins de courge farci avec les feuilles de la plante sas [435]. On se sert des graines de ndoń pour soigner différentes affections spléniques tandis que le piment ondondo est utilisé de préférence pour traiter les affections hépatiques lorsque le remède consiste à appliquer des cataplasmes sur la région du foie. Par contre on met du poivre ndoń (et du piment ondondo) lorsqu’on donne à manger au malade d’une affection hépatique (esëg) un gâteau aux pépins de courge farci avec les feuilles hachées de la plante esań [197]. En ce qui concerne les affections spléniques, on s’en sert dans les cas de la grosse rate chez les enfants désignées par les termes d’ebëm et ebëm emina, cette dernière appartenant à la catégorie des maladies fulu; on s’en sert également dans le cas d’une grosse rate (tsid mbò ngal) chez les adultes. En cas d’impuissance, enfin, on en mange quelques graines ou bien on en pile deux fois neuf avec la racine d’ova [419] et on fait macérer le tout dans l’eau. Du liquide obtenu on fait des instillations dans les narines du patient.
Utilisation rituelle: dans le domaine rituel le chiffre neuf a une signification particulière. Dans le rite so, l’ordonnateur devait fournir plusieurs objets en séries de neuf parmi lesquels ne pouvaient pas manquer neuf baies de ndoń. Un ngëńgań evuzok explique ainsi le sens de ce chiffre: “lorsqu’on prépare un biań, soit pour obtenir la fécondité, soit pour attraper du gibier, on y met quatre graines de ndoń. C’est ainsi que le destinataire de ce biań aura quatre enfants dans le premier cas et quatre pièces de gibier dans le second. Si on y met neuf graines, il aura deux fois neuf, soit d’enfants, soit du gibier. Avec dix graines, au contraire, le biań deviendra inefficace...”. Voici quelques exemples de l’usage rituel de cette plante:
Lorsqu’une personne suit l’apprentissage de la médecine, son maître, en lui montrant telle ou telle plante, prend neuf feuilles de l’arbre tòmbò [450 ], neuf graines de ndoń et un peu du sel. Il mâche le tout et crache sur son front en lui disant: “que tu n’oublies jamais le nom de cette plante...”
Pendant la grossesse, lorsque les parents veulent transmettre l’evu à leur enfant, le mari cherche un nid de l’oiseau nkëkëń. Il y met neuf colas et neuf graines du poivre ndoń. Puis il donne le nid à sa femme, par derrière, à travers ses jambes. L’homme prend ensuite un cola et une graine de ndoń. Il mâche le tout. Finalement, il dépose la pâte qui en résulte sur la bouche de sa femme qui l’avale. Ce rite se répète neuf fois à l’intervalle de deux jours.
Avant la chute du cordon ombilical, on procède au rite destiné à réveiller et façonner l’evu de l’enfant (mvalan evu et nkoman evu). Sur la claie de la cuisine, l’homme chargé de ce rite prend l’enfant dans ses bras. Il mâche une écorce de l’arbre nsui et neuf graines de ndoń et il crache le tout sur le front et les jeux de l’enfant en même temps qu’il en mettra une bouchée dans sa bouche.
Dans une variante du rite abanańa dzal pour protéger un village contre les sorciers on met dans un nid de l’oiseau nkëkëń, neuf feuilles de l’arbre tòmbò [450], neuf graines de ndoń, un oeuf et de la résine otu; puis on enterre le tout dans la cour du village.
Suivant des variantes evuzok, dans la composition de plusieurs biań on trouve d’une façon très constante une série de neuf graines de ndoń. Ainsi par exemple dans le biań mëlam pour rendre efficace les pièges des chasseurs; dans le biań alam pour les pièges aux poissons; dans le biań esog pour récupérer le placenta volé par des sorciers; dans le biań dulu pour réussir un voyage; dans le biań mëson pour soigner le mal aux dents...
Pour réveiller et obtenir ses réponses, le devin (mod ngam) crache sur la tige de son ayań [099ss] une bouchée de ndoń mélangé soit avec du maïs, soit avec des morceaux du thalle du champignon dunu [147].
Dans l’instillation nasale qu’on administre aux deux partenaires incestueux lors du rite ewoe avuman (mise à mort de la parenté) on met quelques graines du poivre ndoń.
Dans l’eva mëtiè qui a lieu lors de la cérémonie du mariage, les pères de la fille mâchent du ndoń et du maïs sec et crachent le tout sur le
visage, les oreilles et la nuque de la mariée en lui souhaitant prospérité et bonheur.
Les graines de poivre entrent aussi dans la composition des remèdes qu’on administre dans le cadre du rite edu osoe pour soigner les blessures de sorcellerie et les vers jetés par des sorciers. Lors d’un accouchement dystocique attribué à l’action de l’evu qui empêche l’expulsion du foetus, le grand thérapeute ngëńgań fait des scarifications sur le bas ventre de la femme et les frotte ensuite avec les feuilles de la plante tsama-tsama [452] et du ndoń.
Valeur symbolique: interprétation à base substantielle: on attribue aux graines poivrées, pimentées et aromatiques de cette plante la propriété d’exciter et de réveiller.