¿Quieres suscribirte al boletín semanal de Casa África?

104 Ayang bëyem
Identifications proposées: Elaephorbia drupifera, Euphorbiacées (JWF).
Utilisation thérapeutique: mélangé à de l'huile, le latex de cette plante est employé en instillation dans les yeux. Chez les Fang au moins on l'utilisait aussi autrefois sur les esclaves et les prisonniers de guerre pour troubler leur vue et les rendre calmes et dociles.
Utilisation rituelle: d'après J.W FERNANDEZ dans le culte des ancêtres, les Fang utilisaient l'ayań bëyem lorsque la plante alan (engela [192] en ewondo) était long à faire effet. On caressait les globes oculaires avec une plume provenant de la queue d'un perroquet rouge. Le latex agit sur les nerfs optiques. C'est sous l'effet de l'action de cette plante à vertus psychédéliques qu'on pensait que les initiés entreprenaient un voyage au pays des morts.
Littérature orale: dans un mythe fang qui retrace l'origine de la plante eboga (Taberanthe iboga), lorsque la femme d'un Pygmée fut initiée à la consommation de cette plante, soudain, la mouche qui vole dans les yeux des hommes, olarazen (oledëzen, en ewondo), vola dans ses yeux, des larmes se mirent à couleur et elle ne voyait plus rien. D'après l'interprétation de J.W. FERNANDEZ, lorsque cette petite mouche vole dans l’oeil de quelqu'un, c'est pour l'avertir qu'il (ou elle) est sur le point de se tromper de chemin. L'intervention de cette mouche dans le récit rappelle le brossage des globes oculaires avec le latex d'ayań bëyem. Il importe de prendre le juste sentier lorsqu'on se rend au pays des morts. Oledëzen veut dire littéralement “montrer” (ledë) le chemin (zen)”. Que cette petite mouche soit en rapport avec la vision du monde des morts, le prouve la croyance beti selon laquelle les défunts peuvent se rendre invisibles aux yeux des non initiés en jetant dans tout oeil indiscret une de ses mouches. C'est pourquoi, écrit TSALA, un Ewondo qui, sur la route, reçoit quelque chose dans l’oeil, fait aussitôt demi-tour pour ne pas voir des défunts passant et vite se débarrasser de l'insecte qui, n'ayant plus de raison de rester dans l’oeil, s'en va.