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450 Tòmbò
Genre V classes nominales 9 / 2 (- / bë)
Identifications proposées: Carpolobia lutea, Polygalacées (TSb, PJC, PLT, LM, HNY)
Localisation: il pousse dans la forêt (a mëfan).
Description locale: le tòmbò est un arbrisseau (olele) qui n’atteint jamais une très grande hauteur. Son tronc est lisse (nkon nkon) et son bois très dur (aled abui). Ses feuilles sont petites. Cet arbre a beaucoup de petites branches. Ses fruits sont légèrement trilobés (binë ban minkòngò) et ils contiennent de petites graines. Le jus épais (nkòn) de ces fruits est sucré (ezëzëg). D’après certains informateurs, les racines de cet arbre ont un goût qui ressemble à celui de la graisse (elolod), d’après d’autres elles on goût un peu comme de piment (man enyan) .
Anë olele, nkug woe onë nkòn nkòn; ele dzie enë aled abui; mëkie moe mënë abod abod; abëlë fë bod mintem abui. Anë man ele adań ki anen ngë a yob . Atebë a mëfan. Bibuma bie binë ban minkongo. Abëlë ban befès, nkòn ya bibuma binë ezëzëg. Sam dzie yafum. Minkań mie minë elolod. Bakara di bibuma bie, biné ezëzëk ai man ayol.
Tòmbò enë elolod, eyòń wadi wawog elolod....
Consommation: les femmes et les enfants aiment manger ses fruits qui sont sucrés tout en laissant un goût légèrement amer au fond de la gorge.
Technologie: avec son bois très dur (nkib) on fabrique les arcs d’arbalète (ndila mfan), des cuillers (tog), les manches de haches (ovon) et des machettes (fa), de pieds pour les lits et des peignes (faaga).
Utilisation thérapeutique: pour soigner les affections hépatiques chez les enfants on fait un bain de mousse avec un liquide obtenu avec les raclures d’écorce de cet arbre. En cas de syphilis endémique (etòn a zud) chez les enfants, on prépare un onguent avec de l’huile de palmiste et les bourgeons d’un tòmbò, puis on enduit l’anus de l’enfant avec cet onguent. En cas d’impuissance (eyel), on mange crues ses
racines ou bien on les racle, on met les sciures dans une banane fendue en deux et on mange le tout. Les jeunes garçons croquent les racines de tòmbò pour faire pousser leur verge et avoir du sperme.
Utilisation rituelle: le tòmbò est utilisé dans plusieurs rites soit diurnes soit nocturnes:
a. Bain rituel du nouveau-né (dzòg mòn): parmi les plantes utilisées pour préparer l’eau de ce bain, on signale les racines et les bourgeons de tòmbò. D’après l’exégèse locale, on utilise cet arbre afin que l’enfant devienne fort et riche.
b. Rite pour communiquer l’evu: voir supra : ndoń [315] (▼= ebëdëga / Annexe 5, ebug / entrée : mvalan evu… : 1.03.01./09)
c. Rite pour façonner l’evu de richesses: (nkoman evu) cf. supra: ovëń [421] ; (▼= ebëdëga / Annexe 5, ebug / entrée : mvalan evu… 1.03.02./21)
d. Rite pour protéger un village contre les sorciers (abanańa dzal): cf. supra: ndoń [315] ; (▼= ebëdëga / Annexe 5, ebug / entrée : abananga dzal : 1.03.01./10).
e. Initiation d’un thérapeute : nous complétons ici le témoignage apporté in supra: ndoń [315] : (▼= ebëdëga / Annexe 5, ebug / entrée : ntub wò : 1.03.02./07) « Lorsque tu vois un gran thérapeute (mod adań sieban), quelqu’un qui soigne mieux que les autres soit la syphilis, soit n’importe quelle maladie, celui-là ne tire pas ses médicaments du néant. L’homme qui sait soigner les autres possède l’evu bisie ou l’evu etsoga (evu de la mémoire). Cet evu fait que son possesseur n’oublie pas les médicaments qu’on lui apprend. Pendant qu’il suit son enseignement, son maître prend neuf feuilles de l’arbre tòmbò, quelques graines du poivre ndoń et un peu de sel. Lorsqu’il lui montre une plante, il met toutes ces choses dans sa bouche, les mâche et les crache sur son front afin que son coeur ne les oublie jamais.
f. Rite de bénédiction: autrefois lorsque le mari partait en voyage, il prenait une écorce de l’arbre asie [076] et la faisait sécher sur la claie au-dessus du feu. Avant de partir, sa femme raclait cette écorce et mâchait ses sciures avec neuf graines de ndoń et neuf feuilles de tòmbò , puis elle crachait en pulvérisant ce mélange sur le front et la nuque de son époux en lui souhaitant qu’il soit honoré partout où il aille.
g. Autres rites de bénédiction: le tòmbò est utilisé dans le cadre d’autres rites diurnes comme l’esie, le sësala, l’eva mëtiè... surtout au moment de la bénédiction et de la purification des gens (▼= ebëdëga / Annexe 5, ebug / entrée : sesala : 1.09.02/....05 vers 21.17. m. ) On dit en effet que “le tòmbò a le pouvoir de bénir” (tòmbò ebëlë ntotomaama). Dans ces rites, il est presque toujours associé aux graines du poivre ndoń et aux plantes myan [306] abòmendzańa [017], emie [189]... D’après NGOA, dans l’acte de divination qui précède le rite esie le devin a dans la bouche les fruits du tòmbò, du poivre ndoń et une sorte de champignon appelé dunu [147]. Il mâche le tout et s’adresse à la mygale divinatoire en crachant la pâte.
h. Le rite edu osoe: certains ngëńgań utilisent également cet arbre dans la composition du bain rituel destiné à enlever l’akiaè d’une femme.
i. Rite pour la nouvelle lune: d’après TSALA, autrefois on arrachait la racine pivotante de cet arbre pour la fabrication des minkos. Le nkos (singulier de minkos) servait à des usages variés. Le plus solennel de leur emploi était à l’apparition de la nouvelle lune. L’homme allume la tige de son nkos, il en braque la pointe incandescente sur la lune en prononçant des souhaits ou des malédictions.
Littérature orale: proverbe: Betie bë tòmbò e mbò bëngavë tòmbò. (Ce sont les arracheurs de tòmbò qui l’ont rendu dur)